La Mercedes E 500 Coupé Pack AMGPublié par Antoine Arnoux le 7 septembre 2009
Source : sport-prestigeMise au vert sur le green pour le coupé E 500. Jusqu’à nouvel ordre, il s’agit du sommet de la gamme. Séduisant sur le papier, du haut de son V8 de 388 ch. Mais pour en remontrer aux futures Audi RS5 et BMW M3, il y a encore du pain sur la planche. Faute d’un ramage estampillé AMG quoique… Elle s’en octroie un semblant de plumage dotée du pack AMG…
Une voix de stentor envahit ce tunnel autoroutier quasiment désert. Pas mal, cette acoustique… Insertion, relance, sans forcer. Le grondement se répercute sur les parois tout en me poussant un peu plus vers ce camion qui déboite inopinément. Franche décélération. Cette étape qui m’emmène vers mon parcours de golf, je l’ai parcourue sans toucher à rien, jambes et bras croisés ou presque. Magie du Distronic Plus, ce système de « régulateur adaptatif » qui intègre ma vitesse et celle des véhicules qui me précèdent via un radar placé dans l’étoile de calandre. Assistanat ? Affirmatif. Une fois apprivoisé (bizarre de sentir la voiture caler son allure toute seule…), on profite du concert.
La sonorité de ce coupé E500 ferait presque illusion par rapport à un « big block » yankee, la brutalité en moins évidemment. Mercedes a soigné les vocalises du haut de gamme du coupé Classe E… On ne le présente plus le remplaçant du CLK, renommé d’après la routière pour mettre en évidence sa montée en gamme. Que l’on ne s’y trompe pas, il repose bien sur une plate-forme de Classe C malgré ses traits ouvertement repris à la Classe E.
Depuis que Mercedes a annoncé qu’il n’y aurait pas de version AMG du coupé Classe E (hormis une hypothétique Black Séries à terme), il faudra se contenter du V8 de la E500 en guise de haut de gamme. Une vieille connaissance puisqu’il officiait déjà sur les Classe S, SL, CL et ancienne Classe E notamment. 388 ch… La cavalerie est conséquente mais on appréhende forcément un manque d’allant par rapport au V8 6,2 litres de 525 ch présent sur la berline. Mercedes tente de cacher la misère en proposant un Pack AMG : premiers signes extérieurs, le kit carrosserie et les jantes AMG transforment sensiblement sa ligne. Déjà agressif dans sa définition de base, le coupé Classe E ainsi grimmé en devient carrément méchant…
Derrière ces jantes de 18″ prennent place de nouveaux disques perforés de 330 mm de diamètre. Indice supplémentaire de son potentiel ?
MOTEUR71 ch/l, le rendement semble dépassé. Le V8 fait pourtant bonne figure dans le coupé Classe E malgré un poids de 1715 kg. Il faudra s’y faire, nous sommes dans la moyenne de la catégorie. Tout démarrage sur chaussée un tant soit peu grasse se solde par l’affolement du voyant d’antipatinage, heureusement là pour juguler les sautes d’humeur du train arrière. 388 ch à 6000 trs/mn, 530 Nm dès 2800 trs, le bloc brille par sa disponibilité. Compte tours sous les yeux, ça grimpe de manière linéaire jusqu’au rupteur dans un gargoulllis fort sympathique, mais sans oppression. Pas de coup de pied aux fesses, le V8 vous propulse avec bienveillance vers les hautes sphères de la délinquance routière… Les 5,2 s pour atteindre 100 km/h, on peine à les évaluer. Lorsque je me décide à jeter un œil au tachymètre, il est déjà permis moins le quart… Même au dessus de 4500, il reprend sans coup férir dans un silence de cathédrale. Touche « Sport » activée, on réveille son côté obscur : réponse immédiate à l’accélération et montées en régime encore plus vertigineuses. Et toujours cette voix…
Avec son architecture supercarée bien marquée ( alésage x course de 98 x 90,5 mm ), on attendait un tempérament plus colérique. En réalité, il joue les Goliath en frappant fort et sans effort. Un peu comme le Driver utilisé pour longues distances : l’allonge est phénoménale, sans être vraiment pointue. Après le fairway, direction highway pour la route de retour. Par son côté bourgeois très « main de fer, gant de velours », elle se rapprocherait d’une Jaguar XK ( puissance et poids sont similaires ), bien loin d’une BMW M3 ou même d’une Audi S5, pourtant moins puissante mais au bloc FSI plus vif.
COMPORTEMENT ROUTIERLa E500 reçoit de série le pack Advanced Agility, incluant suspension pilotée et direction paramétrique. Stabilité et grip sont exceptionnels, seulement voilà : les progrès du châssis constatés sur les motorisations plus modestes sont entâchées par le surplus de poids sur le train avant. Un V8 de 5,4 litres, ça pèse son poids, d’où une répartition des masses peu favorable. Toujours ce balourd sur le train avant, que le mode Sport de la suspension peine à endiguer. Résultat : une tendance au sous-virage dès que le rythme s’accélère, qui cède la place à un décrochement de l’arrière tardif et facile à rattraper par un léger contre-braquage.
Peu communicative en mode Confort, la direction gagne en consistance touche Sport activée. Bon point. Ceci dit, le constat reste le même qu’avec le V6 350 précédemment essayé : la E500 porte son pilote plutôt qu’elle ne le laisse maitriser son sujet. La boite 7G-Tronic 7 rapports colle bien à la philosophie de l’alliance moteur/châssis : efficace et d’une grande douceur de fonctionnement. On lui reprochera malgré tout un manque de réactivité en attaque. Mention spéciale au freinage : même avec son poids conséquent, les disques ventilés/percés font preuve d’une bonne endurance et ménagent un excellent feeling. Finalement, plus proche d’un fer que d’un Driver, cette E500…
Neutre : voilà résumé le comportement de le E500. Par rapport au CLK, les progrès sont sensibles en courbes rapides, avalées avec maestria à vive allure. Du Très Grand Tourisme , sans se départir d’un confort de roulement "tapis volant" sur billard autoroutier. Le bilan est plus mitigé sur réseau secondaire : l’amortissement plus ferme spécifique au Pack AMG laisse filtrer quelques trépidations, surtout au niveau du train arrière. On sera vite balloté. La monte pneumatique en 235/40 et 255/35/18 n’y est pas étrangère.
BILANPour une fois, Mercedes n’a pas été trop ambitieux en annonçant la consommation moyenne à 10,9 l/100 km. Le delta avec la valeur relevée reste acceptable : 11,5 l en conduite normale, 16 l pour s’essayer au parcours 18 trous le couteau entre les dents… Le V8 de 388 ch sied bien au coupé Classe E. Dommage en revanche qu’il faille se contenter de cette motorisation en guise de haut de gamme. Avec une cinquantaine de chevaux supplémentaires et un train avant plus incisif, on retrouverait certainement la bonne surprise suscitée par la
C63 AMG VOIR : ICI.
La critique sera pondérée par un sens de l’accueil marqué : qualité de réalisation de haut vol ( ajustages irréprochables, beaux matériaux ) malgré une présentation intérieure austère, confort de sellerie ferme mais jamais inconfortable, maintien quasi orthopédique des sièges multicontours, volant réglable sur tous les plans… On y prend vite ses marques.
Chère, cette E500 Coupé, surtout bardée d’options telle que l’était notre modèle d’essai. 70 900 € en prix d’appel, c’est à peine 3000 € de moins qu’une BMW M3 plus puissante de 30 ch et autrement plus dynamique. Ajoutez à cela le Pack AMG ( 2350 € ), le Pack Technologie avec l’indispensable caméra de recul ( 2950 € ), Distronic Plus ( 1850 € ) éclairage bi-xénon actif ( 1700 € ) et autres raffinements technologiques : la facture dépasse les 85 000 €.
LES +
Caractère moteur exceptionnel
Freinage
Qualité générale de réalisation
Contenu technologiqueLES -
Répartition des masses
Rapport prix/prestations
Pas de version AMG en vueSource : sport-prestige