La Mercedes Benz E500 Cabriolet : Essai
Texte et photos Thomas Riaud
Le fameux « parachute doré », ça, on connaît. Mais connaissez-vous le « parapluie doré » ? Ce nouveau concept convient à merveille à la nouvelle Mercedes Classe E Cabriolet, surtout à travers cette élitiste version V8. Un cocon ouaté taillé pour 4 adultes, offrant tout au long de l’année un microclimat tempéré !
Et de quatre ! Après la berline, lancée en 2009, puis le Break et le Coupé, Mercedes-Benz décline désormais son Best-Seller Classe E en un élégant Cabriolet. Bien sûr, si la berline et le break sont étroitement liés, en partageant une plate-forme commune et un style austère très proche, ce cabriolet d’aspect beaucoup plus dynamique ne peut renier ses liens de parenté avec le coupé dont il est dérivé. Il reprend à son compte le châssis à empattement raccourci (2.76m contre 2.87m), mais aussi le pare-brise plus incliné ou encore les feux arrière spécifiques, au dessin aminci.
L’ensemble, sobre, de bon goût et expressif, respire autant une certaine modernité qu’une évidente tradition maison, comme l’atteste la présence d’une classique capote triple épaisseur en toile (disponible en 3 coloris), actionnable électriquement jusqu’à 40 km/h. Par rapport au très à la mode toit rigide escamotable, cette solution permet de préserver un poids plus contenu, mais aussi un volume de coffre honnête lorsque la capote est rangée (de 300 à 390 litres selon configuration)… sans dénaturer la ligne.
Seul bémol : la banquette arrière n’est pas rabattable, mais elle intègre heureusement une trappe à ski. Et comme toute Mercedes qui se respecte, ce cabriolet amène son lot d’innovations technologiques qui devraient, à n’en pas douter, faire prochainement école dans la catégorie. Dommage que, là encore, sans doute pour respecter une autre tradition maison, ces dernières ne soient souvent proposées qu’en option sur l’entrée de gamme. Ceci est d’autant plus regrettable qu’à équipement et motorisation équivalente le cabriolet est vendu 5.000 € plus cher que le coupé…
Le cabriolet 4 places, 4 saisons !
Pour faire bonne figure, cette Classe E Cabriolet propose quelques plus comme le très convaincant système Airscarf inauguré sur le dernier SLK, système renfermant des buses d’aération dans les appuie-têtes. Cette « écharpe d’air » diffuse une agréable chaleur au niveau de la nuque, permettant de rouler décapoté même par temps frais. Bien sûr, pour que les 4 occupants en profitent pleinement, sachez que tous les appuie-têtes sont réglables en hauteur, et que le débit d’air varie en fonction de la vitesse de la voiture. Pour en bénéficier, il vous faudra débourser 550 € supplémentaires (sur finition Executive seulement).
Plus innovant est en revanche le dispositif Aircap (option à 850 €), semblable à un déflecteur intégré dans la partie supérieure de l’encadrement du pare-brise. Ce dernier, totalement escamotable (donc parfaitement invisible si l’on prend soin de le rétracter électriquement), permet d’optimiser le flux d’air au dessus de l’habitacle, lorsque l’on roule décapoté. Un système qui engendre quelques bruits aérodynamiques à haute vitesse, mais qui préserve bien les passagers des remous d’air, y compris ceux installés derrière. Car cette E Cabriolet, qui remplace avantageusement la CLK, a bien pour vocation d’offrir 4 vraies places dans son douillet habitacle, chose rare sur le marché des décapotables haut de gamme.
Pour le reste, ce cabriolet demeure fidèle aux systèmes de sécurité inaugurés sur la berline. Passons sur les désormais classiques ABS, ESP, ASR et airbags, au nombre de 7 tout de même ! En fonction de la finition choisie, cette E ajoute quelques équipements intéressants, souvent inédits dans la catégorie, comme un système de reconnaissance des panneaux de signalisation, un avertisseur de ligne continue, des phares au xénon adaptatifs ou encore des sièges massant, compensant partiellement les prises de roulis en se gonflant latéralement « du bon côté », afin de bien maintenir en position le corps. Et au moyen d’un pictogramme, l’ordinateur de bord vous suggère même de faire une pause-café toutes les deux heures !
Voilà donc une pléthore d’équipements, qui participent pleinement au bien-être à bord de cette Mercedes, à la finition toujours aussi rigoureuse. Heureusement, avec un ticket d’entrée à plus de 75 000 € notre E500 Cabriolet, qui chapeaute pour l’heure la gamme en attendant une probable version AMG, offre (presque !) tous ces raffinements de série. Il faudra pourtant accepter de débourser 1300 € supplémentaires pour avoir comme sur notre modèle d’essai un habillage de la planche de bord en cuir Nappa, et encore 450 € de plus pour disposer de ces belles jantes en alliage de 18 pouces. Et pour affûter un peu plus cette version de pointe, sachez qu’il existe un pack Sport AMG (facturé 2350 €), comprenant des jantes spécifiques, un kit carrosserie au design plus agressif, et surtout une direction paramétrique, des trains de roulement sport et des disques de frein perforés à l’avant. Un pack qui aurait été bien utile pour profiter pleinement du V8 5.5 litres sommeillant sous le long capot de notre version d’essai.
La tête dans les étoiles
C’est un moteur noble et onctueux développant la bagatelle de 388 ch à 6000 tr/mn, pourtant très discret au démarrage. Trop d’ailleurs se dit-on, au point de s’arrêter au bout de quelques kilomètres pour décapoter. Il est vrai que la triple épaisseur de la capote génère une isolation phonique de premier ordre, au point de se croire à bord d’un coupé ! D’une simple touche sur un bouton et la fée électricité se charge, en moins de 20 secondes, de plier la capote sous le couvre-tonneau. La tête dans les étoiles, sourire aux lèvres et cheveux au vent, nous pouvons reprendre notre balade au parfum estival, sur les petites routes bucoliques de Palma de Majorque. Malgré des accélérations plus que toniques (0 à 100 km/h en 5,3 secondes), la mise en pli de Madame restera impeccable, en restant parfaitement préservé des turbulences aérodynamiques.
Si le bruit du moteur se fait enfin plus perceptible, surtout lorsqu’il se répercute contre les murets bordant la route, il est clair que Mercedes a d’abord cherché à favoriser le confort aux sensations. C’est dommage, car sans aller jusqu’au caractère exacerbé (et explosif !) d’un V8 Maserati, la clientèle exigeante susceptible de craquer pour un élitiste cabriolet E500 est forcément, elle aussi, un brin mélomane. C’est donc dans un confort ouaté que nous apprenons à apprécier la conduite feutrée de cette auto jamais à cours de ressources (vitesse maxi bridée à 250 km/h). Le V8, sorte de force tranquille semblant inépuisable dès les plus bas régimes (couple de 54.0 mkg à 2800 tr/mn), vous colle avec conviction au fond des sièges en cuir, tandis que la boîte automatique égrène sans le moindre à-coup les 7 rapports.
Pour gagner en sportivité, sachez que l’on peut reprendre la main en passant en mode séquentiel. On change alors de vitesse du bout des doigts, d’une simple pichenette sur des palettes situées derrière le volant. Une opération intuitive, à l’instar du reste de l’ergonomie des autres commandes, bien pensées. Le châssis, renforcé de partout, se montre d’une rigidité sans faille tandis la direction assistée, précise et directe, permet de bien placer la voiture. Pour ne rien gâcher l’amortissement, ferme juste comme il faut, parvient à juguler les mouvements de caisse lors des appuis tout en préservant le confort. Des qualités qui incitent à s’encanailler et à hausser le rythme, même s’il faut garder à l’esprit que cette lourde propulsion (elle revendique 1840 kg) est plus adepte du Grand Tourisme en première classe que de la sportivité débridée.
D’ailleurs, un signe flagrant ne trompe pas : le freinage manque d’endurance. C’est bien le talon d’Achille de cette E500. Au bout de quelques kilomètres menés tambour battant sur une route sinueuse, les freins commencent à grogner, avec des distances se faisant de plus en plus longues. Un manque de résistance à l’échauffement qui va nous obliger à ralentir la cadence, pour apprécier cette E500 Cabriolet pour ce qu’elle est : une formidable machine à voyager, vite et loin. Il faudra tout de même penser à s’arrêter de temps à autre pour ravitailler, car la belle est portée sur la boisson. Mercedes annonce le chiffre optimiste de 11 L/100, mais dans les faits vous pouvez tabler sur une moyenne flirtant avec les 18 litres.
Au final, ce cabriolet d’exception possède suffisamment d’atouts pour connaître, comme ses glorieux ancêtres, une belle carrière. Elle parvient à rassurer les fidèles de la marque, et peut même espérer conquérir une nouvelle clientèle grâce à ses équipements inédits et convaincants.
Belle, efficace, performante et toujours confortable, la classique Mercedes E500 Cabriolet n’a effectivement, à ce niveau de prestations, pas beaucoup de concurrentes directes. Mais celles qui existent (Audi S5 Cabriolet…), possèdent des arguments de poids : un tempérament un peu plus communicatif... et des tarifs moins prétentieux !
Fiche technique Mercedes Benz A207 E500 Cabriolet
Puissance fiscale 29 cv Prix de base : 76700 euro +2600 euro (écotaxe)Années de production : 2010-
Moteur
Type du moteur : V8 à 90° Essence
Disposition du moteur Longitudinal avant
Alimentation Gestion intégrale
Distribution 2 doubles arbres à cames en tête
Nombre de soupapes 4 par cylindre
Alésage & Course 98.0 x 90.5 mm
Cylindrée 5461 cc Compression 10.7
Puissance 388 ch à 6000 tr/min Couple 54.1 mkg à 2800 tr/min
Transmission : Propulsion
Boite de vitesses Auto 7 rapports
Antipatinage/ESP de série
Freins avant/arrière Disques ventilés ABS de série
Pneu avant 235/40 R18
Pneu arrière 255/35 R18
Dimensions
Longueur 470 cm
Largeur 179 cm
Hauteur 140 cm
Coffre 390 litres
Vitesse maxi (km/h) 250 (bridée)
CO2 257 g/km
7 airbags
Climatisation de série
Source : Texte et photos Thomas Riaud