Mercedes-Benz AMG fête ses 45 ans
http://automobile.challenges.fr/Créé le 06-07-2012 à 12h12 Par Nicolas Meunier
AMG est né en 1967. Créé par Hans Werner Aufrecht (le ‘A’ de AMG) et Erhard Melcher (le ‘M’ de AMG), tous deux ingénieurs chez Mercedes, cet atelier a débuté sa carrière en développant des moteurs de compétition. La première de cordée fut une impressionnante 300 SEL dotée d’un V8 réalésé de 6,3 à 6,8 litres, de quoi délivrer une puissance de 428 ch. Ce premier modèle sorti de l’officine alors installée à Groβaspach (le ‘G’ de AMG) s’est illustré en remportant les 24 heures de Spa en 1971. Cette monstrueuse berline fut poétiquement surnommée Die Rote Sau (la truie rouge).
De fil en aiguille, AMG en est venu à s’intéresser aux modèles de série. La démarche apparaissait évidente : les années 70 représentaient un véritable âge d’or pour les préparateurs allemands. A l’image de Brabus, AMG a fait feu de tout bois, transformant de sages berlines aux allures de taxi en dragsters au look improbable. Improbable, voire même d’un goût douteux, comme en témoigne un malheureux Classe G bicolore, affublé d’une calandre de W123 qui lui sied autant que des moufles à un chameau…
Au fil des ans toutefois, AMG a su se distinguer par la qualité de ses réalisations, avec en point d’orgue quelques modèles mythiques comme la "Hammer", développée sur la base de la W124. Après un déménagement à Affalterbach en 1976 (où l’entreprise siège toujours), toujours dans les environs de Stuttgart, AMG est devenu le préparateur attiré de Mercedes-Benz. Premier signe de ce rapprochement : la C36 AMG, lancée en 1993. Il s’agissait là du premier modèle AMG apparaissant au catalogue officiel Mercedes-Benz, conçu en étroite collaboration avec la marque à l’Etoile. L'officine a d'ailleurs fini par être totalement absorbée par Daimler en 2005.
Depuis cette date, AMG décline systématiquement tout ce qui porte une étoile sur son capot. Nous avons pris en mains trois générations de Classe C AMG. De quoi ressentir une évolution nette de la philosophie de conception de ces modèles exclusifs.
Mercedes-Benz C36 AMG (W202) : première collaborationDès le premier contact, la C36 AMG accuse son âge. Cela se ressent d’abord par la position de conduite, contrainte par un siège assez haut et avancé. C’est assez rare de nos jours pour être mentionné : il est possible de voir le bout du capot, et non simplement l’étoile qui le surmonte.
Au démarrage, le six-cylindres en ligne de 280 ch se montre plutôt calme. Dès les premiers kilomètres, la lenteur de la transmission à quatre rapports nous rappelle les immenses progrès réalisés depuis par les boîtes automatiques. Il faut dire que celle-ci prêtait déjà flanc à la critique au lancement du modèle, en 1993. Si l’on enfonce l’accélérateur jusqu’au kick down toutefois, elle consent à rétrograder. C’est alors que le moteur s'exprime. Puissant mais pas impressionnant avec notre regard actuel, il séduit par sa voix claire et son caractère.
Côté châssis, la C36 AMG ne semble pas dépassée. Stable en courbe de grand rayon, elle semble rivée au sol une fois en appui. La direction au flou très artistique ramène toutefois les plus téméraires à la raison. Les routes détrempées de notre parcours d’essai invitent également à la circonspection : la gestion de boîte se montre tellement peu intuitive que l’on craint un déferlement de couple sur les roues arrière au moment où il ne faut pas. Et en 1993, l’ESP relevait encore du rêve d'ingénieur.
Puissante mais guère sportive, la C36 AMG se déguste avec le recul comme une agréable automobile pour la promenade. On goûtera alors ses vocalises en ligne droite, dans un confort somme toute ouaté.
Mercedes-Benz C55 AMG (W203) : le juste milieuLa C55 AMG opère un saut générationnel évident par rapport à sa devancière. Du point de vue du style, déjà. Elle oublie les lignes carrées, façon "Mercedes à la papa" de la W202. A l’intérieur elle conserve l'ergonomie particulière de la C36 : l’emplacement de la clé de contact se trouve à droite de la colonne de direction. Un unique commodo prend place à gauche.
Sur route, la C55 oublie les imprécisions de la C36. Direction et châssis semblent idéalement calibrés pour une conduite dynamique : la prise en mains se révèle on ne peut plus évidente. Sans se montrer aussi rapide que les transmissions dernier cri, la boîte automatique présente suffisamment de réactivité pour ne pas incommoder.
Notre seul grief provient du moteur. Certes puissant, ce V8 atmosphérique de 367 ch manque un peu de caractère. Sa sonorité un peu étouffée et sa manière très linéaire de délivrer sa puissance n’y sont pas étrangers. Malgré cela, la C55 demeure l'une des Classe C les plus agréables. Son dosage juste entre puissance et ressenti met rapidement en confiance. Au point que l’on se surprend très vite à déconnecter l’électronique pour mieux profiter des sensations délivrées. Une authentique voiture-plaisir polyvalente.
Mercedes-Benz C63 AMG (W204) : Conduite Assistée par OrdinateurDernière Classe C en date sortie des ateliers d’Affalterbach, la C63 a été très récemment restylée. Lorsqu’on s’installe au volant, on retrouve le logement de clé à droite de la colonne de direction et le commodo unique à gauche, dénominateur commun des trois générations de Classe C. Ce dernier apparaît encore plus mal fichu que sur les anciennes générations. Dans 90% des cas, on enclenche le régulateur de vitesse alors qu'on souhaite simplement mettre le clignotant.
La C63 constitue un bond technologique par rapport à la C55, pourtant son immédiate devancière. Les accélérations se montrent tout bonnement époustouflantes (les 457 ch annoncés sur la fiche technique semblent presque pessimistes), tout comme l’efficacité du châssis même si la masse reste sensible. En bonne sportive moderne, elle dispose d’une foultitude de modes de réglages et d’une boîte automatique qui a déjà réagi avant même que l’idée de changer de rapport ne vous traverse l’esprit. Quant au V8, jamais à court de souffle, il émet un grondement de tonnerre qui flattera assurément les oreilles du propriétaire, tout autant que son égo.
Efficace au-delà du raisonnable, la C63 AMG peut aller vite, très vite. Au point qu’il semble impossible de toucher du doigt ses limites sur route ouverte, encore moins en débrayant les divers garde-fous électroniques. Cette électronique semble d’ailleurs la clé de tout : gestion de boîte, gestion moteur, contrôle de la motricité et du comportement. Le pilote en deviendrait presque un simple passager. N’importe quel rookie en C63 AMG laissera sur place une C55 pilotée le mieux du monde. Différence fondamentale : le pilote de la C55 ressortira sans doute de l’épreuve avec un sourire bien plus large.
Un avenir prometteurA l’origine cantonnées à quelques modèles spécifiques, les déclinaisons AMG se multiplient désormais à l'envi. La quasi-totalité des Mercedes-Benz dispose maintenant de sa version sportive sortie des ateliers d’Affalterbach. Aujourd’hui composée de 22 modèles, la gamme AMG vise pour son cinquantenaire une offre de trente modèles. Une diversification qui s’accompagne de chiffres de ventes en hausse constante : 20.000 unités environ en 2011, et un objectif de 30.000 dans cinq ans.
La prochaine étape concernera la toute récente Mercedes-Benz Classe A. Celle-ci constituera le modèle d’accès d’AMG, et aussi le seul de la gamme actuelle à ne pas disposer d’un V8 ou d’un V12. La future A45 AMG fera en effet appel à un quatre-cylindres turbocompressé de 2,0 litres dont le rendement sera – dixit les porte-parole de la marque – le plus élevé du segment. On peut donc espérer une puissance comprise entre 300 ch et 350 ch. Pour passer une telle cavalerie au sol, cette Classe A très épicée disposera d'une transmission intégrale à viscocoupleur.
La boîte de vitesse sera quant à elle dérivée de la boîte à double embrayage à sept rapports déjà connu sur les Classe B et Classe A. Pour des questions de motricité et de fiabilité de la transmission toutefois, le couple du moteur sera bridé sur les trois premiers rapports. Esthétiquement proche d’une A 250 Sport (modèle également produit par AMG, ce qui assure des rentrées financières non négligeables) dans sa définition de base, la A45 AMG pourra être personnalisée avec des éléments de carrosserie à l’esprit compétition (aileron et lames de bas de caisse en fibre de carbone, arceau-cage...). Il faudra toutefois attendre le Mondial de Paris pour en voir les premiers clichés officiels.