Essai Mercedes CLS 250 CDI Blue Efficiency
Par Antoine Arnoux le 15 décembre 2011
Source : sport-prestige
PrésentationRouler vite, loin et longtemps. Sans complexe, et surtout avec élégance et distinction. Inutile d’enfoncer une porte ouverte, les temps n’y sont pas vraiment favorables. L’euphémisme revêt plusieurs aspects. Et si, l’espace d’un instant, nous imaginions nous y plier ? Impossible, annonçons-le tout net. Céder au compromis ? Pourquoi pas, puisque le salut du plaisir automobile passe par certaines concessions. Point trop n’en faut, bien sûr. Et puis, cela a eu un impact sur la vision des designers : la vitesse est morte, vive l’allure ! D’après cet adage lancé par un confrère voilà une bonne décennie, nous sommes dans une période d’énergie créatrice. L’énergie, elle transparaît plus que jamais sur la planche à dessins, devenue exutoire. D’où la naissance de certains segments.
Alors, quand il a fallu entreprendre un long périple en alliant raison et appel du cœur, le CLS s’est imposé. Pionnier du genre avec la première génération en 2004,
Voir : ICI le deuxième du nom apparu fin 2010 est resté aussi spectaculaire, avec son profil en arche fuyante. Et sa large calandre étoilée.
Belle présence, mais sa stature imposante abrite un cœur bien raisonnable sur la version 250 CDI qui nous occupe. Suffisant pour emmener ses presque 5 mètres ?
Trouver des mécaniques diesel sur d’élégants coupés n’est plus une nouveauté. Et certains parviennent même à un certain degré de noblesse. Une nouvelle étape a été franchie, downsizing oblige, et Mercedes applique désormais le 4 cylindres 2,2 litres CDI Blue Efficiency à toute la gamme ou presque. Même le ML et la grande S y ont droit, désormais… L’objectif peut faire sourire, mais proposer des versions politiquement correctes est un passage obligé pour maintenir, à l’autre extrémité du catalogue, les versions que l’on connaît sans s’attirer les foudres du public non averti.Curiosité aidant, la monture semble toute indiquée d’autant qu’il s’agira du modèle que l’on croisera le plus sur nos routes. Moins cher de 3000 € que le V6 350 CDI, d’accord. Reste à savoir si ce très relatif écart n’est pas occulté par un agrément moindre. 2 cylindres de moins, tout de même…
Moteur Le premier contact est plutôt engageant. Pas question d’une entrée de gamme sous-motorisée, le CLS 250 CDI et ses 204 ch seulement s’en tirent bien côté chiffres avec un 0 à 100 km/h annoncé en 7,5 s et des relances volontaires, suffisantes pour dépasser en toute sécurité. Le poids du coupé-4 portes Mercedes, annoncé à 1785 kg tout de même, se fait oublier sur les grands axes. Surtout avec le mode S, apportant un peu plus de réactivité à l’accélération.
Le sport n’est pas sa vocation, certes. Mais la boite aurait gagné à être plus rapide et moins hésitante sur le rapport à engager, surtout sur ces routes sinueuses. Le couple généreux du 4 cylindres 250 CDI compense cette lacune ceci dit, avec 500 Nm dès 1600 trs/mn. Résultat, on enchaîne en alternant 3ème, 4ème, aux palettes de préférence. On est rarement aussi bien servi que par soi-même lorsque l’on parle de boites séquentielles. Et puis la douceur est toujours au rendez-vous, avec des changements de rapports quasi imperceptibles.
Hélas, on ne peut en dire autant de l’agrément du bloc CDI, rugueux et grondant en phases d’accélération, surtout à froid. Et en ville, le Start & stop rappelle trop souvent les claquements caractéristiques de ce moteur.
Sur la Classe S,
Voir : ICI ce diesel d’entrée de gamme était nettement mieux éduqué. Le standing est différent, mais tout de même ! Heureusement, il sait se tenir sur autoroute. Très dignement d’ailleurs, les kilomètres s’égrènent en silence, calé à peine à 2000 tours aux allures régulières. Même au delà, il reste discret. Sur un rail, on avale le ruban de macadam et ses larges courbes, en toute sérénité. En ce sens, ce CLS assagi remplit parfaitement sa mission. Il incite à une conduite dynamique, avec sa position assez basse et engoncée. Mais toujours décontracté, jamais on ne ressent le besoin de forcer, à condition de ne pas lui demander de chronos sportifs. Cela confirme l’argument de sobriété. Avec le rythme un tantinet musclé, toujours en souplesse, imposé à l’engin, la consommation s’est cantonnée à une moyenne de 7,3 L/100 km. C’est supérieur aux 5,3 l annoncés, mais honorable dans l’absolu.
Comportement routierTout en douceur et en efficacité, on enroule sans brutalité. Le sous-virage est plutôt bien maîtrisé mais on ne sait jamais vraiment où on en est, surtout avec ces jantes de 17 pouces standard, chaussées en 245/45. Et un flottement se fait sentir au niveau de la direction, en réalité surtout lié à l’assistance variable de la direction paramétrique qui aseptise le toucher de route au possible. Dans cette définition, le CLS est fidèle à sa philosophie d’élégant coupé-4 portes familial.
Malgré son poids élevé (presque 1,8 t) le CLS conserve pourtant un semblant de dynamisme. En freinage appuyé, il aura toutefois tendance à plonger du nez. Regrettons tout de même un amortissement plutôt sec sur mauvais revêtement, assez désagréable à la longue pour les passagers. La suspension pneumatique Airmatic du CLS 350 que nous avions essayé quelques mois plus tôt nous avait laissé meilleure impression. Hélas, il faudra ajouter 2200 € à la facture.
Ajoutons le bourdonnement du 4 cylindres, et le fonctionnement semble aux antipodes du V6 350 pourtant facturé « seulement » 3000 € de plus. Dommage, car le confort de roulement est excellent la plupart du temps et l’habitacle a le sens de l’accueil. Nous y reviendrons.
En revanche, rien à redire sur sa stabilité. Pas de roulis, on accroche et on tient droit ! Aux limites, on glisse doucement du nez. Rassurant, et sécurisant. Son caractère de propulsion apparaît rarement, et sans doute pas entre les mains du bon père de famille… Non, son rôle est de veiller à la sécurité de celle-ci.
Elle adopte d’ailleurs les dernières dotations de sécurité active apparues sur la Classe S, qui ont tendance à se généraliser. Moyennant options, évidemment. Mais pour 900 €, le bénéfice apporté par le détecteur d’angle mort et l’alerte de franchissement de ligne mérite que l’on s’y attarde. Notons enfin que l’excellent régulateur de vitesse actif Distronic avec contrôle des distances de sécurité et freinage d’urgence Pre-Safe est proposé avec ces deux autre systèmes dans le pack Aide à la conduite ( 2700 € ); l’offre est intéressante.
Vie à bordOn connaît déjà cet habitacle, bien construit et accueillant pour quatre adultes. La garde au toit à l’arrière est un peu limitée, avec ce coup de crayon fuyant, mais on s’y sent bien. Un peu engoncé certes, à cause de la ceinture de caisse très haute qui donne l’impression de voir le paysage par des meurtrières, mais on s’y fait vite avec la caméra de recul ( 600 € ), indispensable pour ne pas égratigner ses ailes. La visibilité arrière est pénalisante en milieu urbain.
Il flatte l’œil ce CLS, dans cette configuration dotée du Pack Luxe (incluant cuir, éclairage d’ambiance et sièges mémoire / chauffants). Beaux matériaux et lumière d’ambiance diffuse donnent un côté assez high-tech à l’écrin. On se familiarise aisément au GPS et à l’interface multimédia Comand avec Bluetooth audio et prise iPod, via la molette centrale. Mais ces équipements ont un coût, non négligeable compte tenu du prix d’appel déjà conséquent.
Que la navigation soit optionnelle, soit. Mais à ce niveau, devoir ajouter 1850 € pour le cuir est incongru. Doté du Pack Luxe et du Pack Multimédia, l’équipement de notre CLS est riche mais fait gonfler l’addition à plus de 72 000 €. À sa décharge, on dispose tout de même des airbags de genoux et de bassin, du régulateur de vitesse, de l’aide au stationnement av/ar et d’une connexion téléphone Bluetooth. Un effort a été réalisé sur la dotation de série, mais on en attend davantage à ce niveau. Du tissu sur un CLS, c’est regrettable.
Au finalIl n’est pas mauvais en soi, ce CLS 250. Mais en en sortant, on lorgne spontanément vers le V6 du 350 CDI. Cela nous rappelle que si l’on veut absolument opter pour le diesel, Mercedes sait faire des 6 cylindres fort réussis, et presque aussi sobres que de simples 4 cylindres… L’écart de prix aurait été plus élevé par rapport au V6, le 250 CDI se justifierait pleinement.
Enfin, une Audi A7 Sportback s’affiche à 55 900 €, dotée du V6 3.0 TDI 204 ch comparable. Après, tout est question de choix. Pas de panique, le CLS conserve sa dignité malgré un agrément mécanique quelconque. Et reste une machine tout à fait désirable pour avaler les kilomètres en famille.
Les Plus +
- Comportement routier plaisant et sécurisant
- Raffinement intérieur
- Confort général
- Performances préservées
- Sobriété réelle Les moins -
- Tarif ambitieux pour une entrée de gamme
- Insonorisation décevante du 250 CDI
- Contenu technologique onéreux
- Boite 7G-Tronic peu vivace
- Suspension sèche sans AirmaticCaractéristiques techniques :Prix de base : 63 300 € Prix du modèle essayé : 72 900 € ( CLS 250 CDI avec Pack Luxe, alerte franchissement de ligne & angle mort, Pack Multimédia, toit ouvrant )
Moteur 4 cylindres en ligne longitudinal avant, 16 soupapes, turbo
Distribution : 2 ACT Cylindrée : 2143 cc
Alésage x course ( mm ) : 83 x 99
Puissance maxi : 204 ch à 4200 trs/mn
Couple maxi : 500 Nm à 1600 trs/mn
Transmission : propulsion, boite automatique 7 rapports 7G-Tronic
Dimensions L x l x H ( mm ) : 4940 x 1881 x 1416
Empattement ( mm ) : 2874
Poids : 1785 kg
Pneumatiques de l’essai : 245/45 R17
Freins av/ar : disques ventilés-perforés / ventilés
Performances : 0 à 100 km/h : 7,5 s
vitesse maxi : 242 km/h
consommation cycle mixte ( l/100 km ) : 5,3 ( annoncé ), 7,3 ( relevé )