Malgré ses fréquentes apparitions le long des belles avenues des quartiers chics, le Grand Cherokee n'a rien d'un enfant de choeur. Certes, lors de son restylage d'avril 1999, il a soigné ses manières et son style mais la nature de cette Jeep reste sauvage. Ses quatre roues motrices permanentes, sa boîte de transfert et ses essieux rigides en font un 4X4 pure race. Impérial dans les ornières, il se montrait hélas maladroit sur la route avec une motorisation diesel à la fois bruyante, poussive et dispendieuse. Depuis peu, il est de surcroît chahuté par une nouvelle race de 4X4 dévoreurs de bitume, dont font partie le Classe M de Mercedes et le X5 de BMW. Tout cela a poussé l'étoile de Stuttgart à revoir les prestations du Grand Cherokee en mettant sous son capot le 2.7 Common Rail maison. Une motorisation diesel dernière génération qui devrait lui permettre de ne plus rougir une fois ses roues hors de la boue !
Sur la route
Avec le 2.7 CRD, d'origine Mercedes, le Grand Cherokee se remet à la page en terme de performances. Les chiffres, comparés à ceux de l'ancien 3.1 TD, laissent supposer de beaux progrès. La puissance, pour commencer, fait un bond de vingt-trois chevaux, passant de 140 à 163 ch. La progression du couple est plus modeste, avec seulement 3,3 mkg de mieux au régime de 1 800 tr/mn. Nouveau moteur, mais également nouvelle boîte de vitesses automatique à cinq rapports, contre quatre auparavant, elle aussi issue de la banque d'organes de Mercedes. Malgré ce lot de nouveautés, à la mise du contact, le Grand Cherokee CRD déçoit. Le Common Rail, qui normalement a tendance à bâillonner les mécaniques diesel, reste ici presque sans effet sur le 2.7 CRD. Certes, le résultat est meilleur qu'avec le 3.1 TD de chez VM, mais la force en présence ne tient pas encore la comparaison avec le Classe M (équipé du même moteur) ou le X5 3.0 d. En soulevant le capot moteur, on s'aperçoit vite que l'insonorisation n'a pas fait l'objet d'autant de soin que chez son cousin le Classe M. Question de standing probablement. Le Grand Cherokee garde donc l'âme d'un vrai baroudeur avec son lot de claquements et de vibrations. Toutefois, le 2.7 CRD est loin d'être foncièrement mauvais. En effet, sa vigueur à mouvoir le grand 4X4, qui affiche 2 tonnes sur la balance, le rachète partiellement. Les accélérations sont donc convaincantes avec 32,7 s aux 1 000 m départ arrêté et une vitesse de pointe honnête. En relance, le Grand Cherokee est tout aussi agréable à mener grâce à une réponse vigoureuse dès 2 000 tr/mn. La boîte de vitesses passe les rapports en douceur à quelques exceptions près et colle parfaitement au tempérament fort en couple du moteur diesel. Le comportement, pour sa part, ne témoigne pas de progrès probants, pas suffisants en tout cas pour exploiter pleinement les nouvelles prestations de la mécanique. Dès que le rythme se fait plus élevé, le Grand Cherokee se cherche sur ses pneus à flancs hauts, et son train avant s'effondre dans les virages serrés entraînant de généreux "tout-droit". Le confort de suspensions est des plus honorables, et le freinage, s'il peine en endurance, est particulièrement efficace depuis 90 et 130 km/h.