La Mercedes SSKL 1929 gatsbyonline.comTrois ans après la fin de la Première Guerre mondiale, les courses automobiles ressuscitèrent peu à peu en Allemagne et dans d’autres pays.
Otto Salzer, Max Sailer, Graf Giulio Masetti et de nouveau Christian Lautenschlager, sont les pilotes de l’écurie Mercedes qui réussirent à dominer, en 1921, les nombreux concurrents dans différentes courses de côtes et de routes européennes. Les véhicules de course étaient des Mercedes de type "Grand Prix 1914" améliorées et des Mercedes 28/95 ch. Dans les bureaux d’études de la Daimler Motoren Gesellschaft, le progrès se traduisit au début des années 20 par le moteur à compresseur. Le fils de Gottlieb Daimler, Paul, directeur technique depuis le départ de Wilhelm Maybach de la DMG en 1907... et maintenant également membre du Directoire, ne cessa de promouvoir les inventions de ce dernier. Les expériences avec la suralimentation mécanique étaient largement étendues.
Les moteurs d’avions et de sous-marins disposaient déjà de puissance accrue grâce aux compresseurs. Depuis 1922, il existait une formule de 1,5 litres et une de 2,0 litres de cylindrée. Paul Daimler développa pour l’occasion un tout nouveau quatre cylindres de 1,5 litres avec suralimentation par compresseur, dont les deux arbres à cames en tête entraînés par un arbre vertical commandaient quatre soupapes par cylindre. Pour sa première utilisation en course, il anima le véhicule baptisé 6/40/65 ch lors de la Targa Florio en Sicile. Le pilote d’usine Paul Scheef débuta dans la classe 1,5 litres de série et se classa en troisième position. Avec une autre voiture à compresseur équipée d’un moteur de 140 ch, Max Sailer remporta la toute première victoire d’une voiture à compresseur dans la classe de série dépassant les 4,5 litres de cylindrée. L'énorme potentiel des moteurs Mercedes suralimentés commença à être connu dans les milieux sportifs et conduisit de nombreux autres constructeurs à recourir à cette technologie-moteur très prometteuse.
La popularité des courses de côtes en Allemagne donna naissance à la SSK. Le K signifiait "kurzen Radstand" (empattement court) ; les routes de montagne étroites et leurs méandres exigeaient en effet des automobiles plus maniables. Le développement trouva son apogée dans la SSKL.
Le L signifiait "Leicht" (léger) ; en pratiquant de nombreux trous dans le châssis du véhicule et dans les traverses, les techniciens étaient parvenus à gagner 125 kilogrammes (sic !)...
La SSKL pesait alors 1352 kg, ce qui ne représentait pas un poids excessif pour le six cylindres à compresseur de 7.065 cm3. Fort de ses 300 ch, il emmenait cette Mercedes-Benz à une vitesse maximale considérable (pour l'époque) de 235 km/h !!! Rudolf Caracciola remporta à cette époque, une victoire après l’autre, avec la SSK et la SSKL et devint célèbre dans le monde entier.
Entre 1926 et 1933, les voitures surnommées populairement "éléphants blancs" et équipées d’un moteur six cylindres suralimenté, représentaient ce qui se faisait de mieux sur les routes normales et sur les pistes de courses du monde entier. Les pilotes aisés trouvèrent dans cette automobile l’outil idéal pour les courses automobiles de toute nature, lesquelles étaient socialement plus importantes qu’aujourd’hui.
Associée dans l'histoire automobile aux champions Rudi Caracciola, Manfred von Brauchitsch et Hans Stuck (père), qui volèrent de victoires en victoires à son volant, la Mercedes SSK fût l'une des voitures les plus impressionnantes de son époque. Construite de 1928 à 1932 comme dérivé sportif de la SS, la SSK (la désignation signifiant Super Sport Kurz) voit son empattement ramené à 2,95 mètres contre 3,40 mètres pour la SS.
Bien qu'il apparaisse sans changement de cylindrée par rapport à cette dernière, le moteur a été développé en trois versions de puissance.
Suralimenté par un compresseur de type Roots, le six cylindres en ligne de sept litres à un arbre à cames en tête et double allumage développe 225 ch (170 ch sans le renfort du compresseur), ou 250 ch (180 ch sans le compresseur) ou 300 ch pour la définition allégée SSKL (240 ch sans le compresseur) construite à quelques exemplaires seulement. Vu son coût très élevé (33.000 Reich Marks de l'époque), la SSK s'adressait à une clientèle extrêmement fortunée. Si ces privilégiés pouvaient immatriculer leur voiture et l'utiliser sur route, une partie non négligeable des SSK produites était destinée à la compétition. Les différents niveaux de puissance disponible étaient adaptés aux types de courses, 225 ch pour les épreuves longues et 250 ch pour les courses de côte. S'imposant dans d'innombrables compétitions de par le monde, le couple Mercedes SSK-Rudi Caracciola se couvrira de gloire, remportant notamment le championnat d'Europe des voitures de sport en 1930.
L’étude Canadienne RM-Auction organisait une vacation au Battersea Park de Londres, le 31 octobre 2007, pour disperser plus de 50 lots de la collection privée de "Mr Formule 1", Bernard Charles alias "Bernie" Ecclestone. Au fil des années, Ecclestone s’était constitué une collection assez éclectique de machines de course comme de route, dont quelques Mercedes Benz d'avant-guerre, la côte la plus élevée revenant à la 540K Spezial Roadster de 1937, estimée entre 5,5 et 6,5 millions de dollars… D’autre Mercedes-Benz étaient proposées à la vente, dont une SSK de 1928, une SS deux-portes de 1930, une SSKL réplica de 1931 et deux cabriolets ; un 500K Spécial "A" de 1935 ainsi qu’un 540K "A" de 1937. Du côté des Mercedes plus récentes, on trouvait une 300 SL "Gullwing" de 1955 ainsi qu’un roadster 300 SL de 1963. Les Ferrari étaient représentées, entre autres, par une 250 Europa GT MKII de 1954, ainsi que quelques Dino 206. L’intérêt de Bernie Ecclestone pour la chose automobile se portait également sur de modestes autos, telles que deux Fiat 500 ainsi que diverses VW "Coccinelles". La vente a eu lieu au au Battersea Park de Londres, entre 17h00 et 23h00... et les résultats (la totalité de la vente dépasse les 25 millions d'euros !), ont été à la hauteur de la rareté de l'événement. Il faut dire que l'on s'y attendait, car le catalogue était impressionnant... et le mot est faible.
De façon très logique, le top de la vente, une Mercedes-Benz 540K Spezial Roadster de 1937, a atteint des sommets : près de 4 millions de livres sterling, c'est à dire 5.708.000 euros ! Seules deux autres Mercedes, une réplique de SSKL et une SSK roadster, ont dépassé la barre du million de livres (environ 1,5 millions d'euros) avec des dernières enchères respectivement à 1.527.500 et 1.739.300 euros. Une superbe Ford GT40 est presque arrivée à ce stade, demandant à son acheteur un chèque de 983.000 livres soit 1.414.000 euros ! (quand je pense que certains hésitent à acquérir ma GT-40 Brightwell pour 50.000 euros, cela renforce mon coté désabusé)... Après une telle avalanche de nombres à 7 chiffres, le sens des réalités est vite perdu. En parcourant le catalogue, on oublie que 950.000 euros représentent une somme considérable, même pour une Ferrari 250 GT Spyder.
Un moment d'égarement... et on en vient même à considérer que 292.000 euros pour une Lamborghini Miura P400, ça n'est pas cher payé !
Par contre, même aveuglé par une vente qui pèse au bas mot les 25 millions d'euros, on trouvera que 17.000 euros pour une Fiat 500L, cela reste un rien excessif...!
Je ne vais pas disserter sur la collection d'automobiles vendue par Bernie Ecclestone (ancien vendeur de voitures d'occasion), mais sur l'une d'elle, la Mercedes 1931 SSKL réplica, qui a été vendue 2.203.762 US$, soit 1.527.500 euros, 1.045.000 £ !!!
Cette somme est astronomique pour une réplique..., pourtant, les commentaires de divers spécialistes soulignent que ce résultat est "normal" compte tenu des valeurs atteintes par d'authentiques Mercedes SSKL, soit 8 millions US Dollars ( 6.500.000 euros) ! Et bien..., j'en ai connu une, de Mercedes 1929 SSKL... Pas une authentique, une réplica, tout comme celle de Bernie...!
Fin 1999..., je découvre, dans un magazine d'automobiles anciennes britanniques, une annonce mettant en vente une Mercedes SSK 1929, reconstruite... Je téléphone, je faxe, j'envoie des courriers... et en retour je reçois toute une série de photos avec une documentation sur cette voiture.
Son constructeur-propriétaire, n'a pas lésiné sur les moyens et la dépense ! Au départ d'un Phaeton Manheim 1929, réquisitionné par l'armée Anglaise en 1945 à titre de dommage de guerre, il a refait une SSK roadster, quasi à l'identique, recevant même, la copie des plans originaux des SSK, provenant du Musée Mercedes... et ce avec une lettre d'encouragement et de félicitation (j'en ai la copie)...
Tout, absolument tout a été reconstruit "à l'identique" dans une recherche du détail hallucinante. Les freins, par exemple, reprennent les énormes flasques en cuivre renfermant les tambours, le tableau de bord est absolument et exactement le même qu'une SSK d'origine, en ce compris les compteurs dénichés chez un revendeur Allemand de pièces Mercedes d'époque. De plus, tout a été refait "à l'antique", cuir des sièges, bois du tableau et du plancher, peinture, chromes.... et le radiateur utilise un nid d'abeille d'époque, avec ses imperfections, mais renfermant, camouflé, un ventilateur électrique ! Mais..., car il y a un "mais", le moteur est détruit.....
Il me dit qu'il n'a plus le temps ni l'âge de chercher un moteur à l'identique SSK..., mais qu'il en a un qu'il suffirait de placer dans la voiture, sauf que c'est un 8 cylindres en ligne "Nürburg" et non le mythique 6 cylindres compressé... Je lui dit de faire un dernier effort. Il fait déposer sa voiture dans un garage spécialisé en restauration d'ancêtres "haut-de-gamme" qui reprennent tout le travail, en même temps que placer correctement le 8 cylindres d'époque... et, de modifier le châssis à l'identique d'un SSKL avec les fameux "trous"... Pour me remercier de l'avoir encouragé et de publier un article sur sa voiture, il viendra l'exposer à Bruxelles sur le stand du club "Les Automobiles Extraordinaires" recréant une vieille grange.
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