L'Audronis Gestautas AG-Excalibur 2008 Par Patrice De Bruyne
GATSBY MagazineLorsque
la firme Excalibur VOIR : ICI de Milwaukee, Wisconsin, USA, a mis pour la troisième et dernière fois la clef sous le paillasson, c'est Audronis Gestautas qui l'a piquée en pleine nuit pour s'en revenir dans sa Lituanie natale, y recréer la marque Excalibur...
Ce fait d'arme digne des plus grands romans de la chevalerie, est passé totalement inaperçu du monde entier, qui de toute façon, n'en avait rien à faire !
Fier de cet exploit, Audronis Gestautas s'est mis en tête de réaliser un chef-d'œuvre automobile dont le design dépasserait tout ce que les humains pouvaient imaginer. Mais, pratique,
il s'est basé sur une Mercedes Classe CL, pour créer son véhicule hors du commun.
Encore et toujours banalisée en gris rase-muraille de peur d’attiser la haine des riches, dépourvue du chiffre de cylindrée à l’arrière pour ne pas ranimer la lutte des classes, ce chef d’œuvre de convenance BCBG qu'est la Mercedes CL, restera pour longtemps l’un des moyens les plus sournoisement faux-culs de traverser crises économiques et troubles sociaux à l’abri de la vindicte populaire.
Ce n’est certes pas là le signe d’un esprit très rebelle, quand bien même certaines portent la discrète mention "Avant-garde" sur les ailes avant. Il va sans dire qu’une Classe CL "packagée" à l’avant-gardisme, traduit le même élan de spontanéité que le mot liberté dans la bouche d'un stalinien pratiquant... ou une évocation de Jean Jaurès perdue au beau milieu d’une harangue sarkozyste.
Or, je le rappelle à ceux qui n’auraient d’autres références culturelles que le journal l’Equipe : la Mercedes CL est en matière artistique l’équivalent assez exact d’un bras d’honneur adressé à tous les conformismes.
Audronis Gestautas va donc expliquer en quoi ces quelques 1800 kilos d’orthodoxie germanique rompent avec les conventions sociales et esthétiques d’un certain establishment, dès l'instant ou il en a transposé sa vision surréaliste. Rude gageure !
Symptomatique d’une génération ayant dissolu l'esprit de sédition dans l’aisance, politiquement correcte au point de dissimuler les plus licencieuses des grosses cylindrées sous les dehors trop oubliables d’un taxi ordinaire, conforme aux sempiternels codes esthétiques prisés des Rastignac et Machiavels soucieux d’incognito, rigoriste jusque dans ses ténébreuses harmonies intérieures, la Mercedes CL cache fort bien les penchants révolutionnaires de conducteurs assez peu suspects d’idées contestataires.
Tant qu’à se réclamer de l’avant-garde, Mercedes aurait certes pu s’inspirer des plus audacieuses compositions de Kandinsky pour élaborer ses sinistres nuanciers, voire enluminer ses habitacles funéraires de sérigraphies colorisées à la Andy Warhol, sinon faire dans l'Art Cart façon BMW. Nul doute que la Mercedes CL re-créée par Audronis Gestautas aurait séduit la clientèle des cuistres soucieux d’exhiber leur goût pour les arts, fussent-ils de merde enveloppée, dans les milieux tenus pour distingués, mais elle n'existait pas encore !
Par quel miracle du marketing en est-on arrivé là ?
Admettons que pour les non francophones, la langue de Montaigne, même employée à tort et à travers, possède d’incontestables vertus pédantes qui feraient passer certaines de mes plus viles expressions pour le comble du raffinement mondain.
Et si pareille antinomie ne provoque en général qu’un hochement de tête résigné, il est rassurant de savoir, comme l'avait démontré Desproges, que l'on peut très bien vivre sans aucune espèce de culture.
L'Allemagne, on le sait, est le pays de la musique et le mélomane averti ne trouvera guère d’objection à ce que Mercedes figure parmi les meilleurs compositeurs d’opéra symphonique à quatre temps pour quatre, six, huit ou douze cylindres.
Dommage que l’audition orgasmique d’aussi fougueuses envolées nécessite l’abattement moral d’une esthétique aussi indigeste.
Volumes atrophiés, profil congestionné et haut sur pattes que des lignes torturées tentent en vain d'alléger, tous les ingrédients semblent réunis pour faire de la Mercedes CL une étoile de l'inesthétisme.
Au pays de Wagner, on ne loge toujours pas à la même enseigne les musiciens et les stylistes.
La tâche bassement rébarbative de ces derniers se résume depuis Mathusalem à l’habillage sans génie des chefs-d’œuvre du répertoire mécanique.
Mais, après tout, qu’importe le flacon tant que les ploucs ont l’ivresse.
Bien rares sont les Lituaniens pour qui le design automobile occupe frontalement le premier plan et conditionne tous les enjeux.
C’est pourtant le cas grâce à cette innommable quoique extraordinaire AG-Excalibur qui balance une séquelle très personnelle de clichés "Bling-bling" et assène, via Audronis Gestautas, un tel moralisme de l'inesthétisme, qu’on a l’impression, en l'écoutant (vous l'écouterez en regardant la vidéo que j'ai positionnée un peu plus bas dans cet article), de passer 20 minutes à se faire endoctriner.
Comme tous les Lituaniens traitant de problèmes philosophiques ou sociaux, Audronis Gestautas débute son oraison par une sorte de psaume (ici un truc du genre : Écoutez bande de têtards, moi je vais vous apprendre à flipper du Big Boss), censé donner une certaine consistance à son design qui oscille constamment entre un premier degré hilarant et la caricature pathétique de ses intentions.
Avec Audronis Gestautas, l’Humanité (avec un "H" majuscule), a un nouveau sauveur pour guider le monde automobile.
Ce qu’on peut déjà concéder, c’est que dans ce pays de cocagne qu’est la France, lorsqu’un ange descend sur Terre pour sauver l’Humanité, c’est Mimi Mathy qui vient à la rescousse d’une pauvre mère isolée pour l’aider à remplir sa déclaration RSA.
En Lituanie, le peuple a Audronis Gestautas... qui sur-joue son rôle comme si sa vie en dépendait.
Cette gueule sympathique a eu beau tout tenter pour essayer de m'impliquer dans ce bazar, le résultat final, particulièrement le traitement de l'intérieur est tellement mélodramatique qu'il plombe le design général, et ce, avec un tel sérieux, qu’on rirait de bon cœur si on n’avait pas l’impression que la voiture est destinée au Pape.
L'intérieur est en effet parsemé de cristaux Swarovski, chaque bouton (il y en a 800) est un morceau de cristal..., en outre, même le levier de vitesses est surmonté d'une boule de cristal.
Pour rendre le stationnement "plus facile", la voiture est équipée de 8 caméras : deux sont dans la calandre, quatre sont dans les rétroviseurs extérieurs (deux caméras dans chaque rétroviseur) et les deux dernières sont dans la partie arrière.
Son objectif (gag !) principal lors de la construction de cette automobile était de créer une voiture absolument nouvelle, d'où des jantes sur-dimensionnées de 30 pouces à l'avant et 40 pouces à l'arrière !
Au milieu de cette caractérisation à la truelle, Audronis Gestautas mérite tout de même une certaine considération pour son air de chien battu au grand cœur. Reconnaissons également à cette AG-Excalibur quelques qualités techniques. Certains éléments ne sont vraiment pas dégueu et quelques-uns sont intrigants.
Un peu comme si un mécréant perdu dans l’équipe avait profité d’un dimanche matin pour shooter ces plans dans le dos des responsables, surement plus occupés à accomplir quelques génuflexions qu’à se demander comment réaliser correctement ce qu’ils ont sur le papier.
Évidemment, avec un budget de réalisation relativement faible, Audronis Gestautas a du également composer avec une accumulation d'incohérences. Mais ce ne sont pas vraiment les raisons qui font de cette "chose" une automobile particulièrement baroque...
Le coté "baroque" n’est finalement pas bien grave lorsqu'on prend le temps d'écrire une liste de tout ce qui choque... et, de toutes façons, la voiture est là pour le bonheur de l’Humanité, elle ne peut pas nous faire du mal, en tous cas pas plus que de voir Audronis Gestautas habillé comme un figurant des Guerriers du Bronx… à coté de son futur chef-d'œuvre !
La "base" : une Mercedes CL
Manque de moyens ? Oui sûrement, mais surtout parce qu'il n’a que faire du ramassis de clochards dégénérés qui se masturbent devant sa création. Bien qu’ayant grandi avec une foultidude de rêves automobiles yankees, voulus et créés pour et par des hordes de cul bénis au service du dieu pognon..., j’avoue ma profonde inculture sur le design Lituanien. Alors pour creuser un peu le sujet, je me suis renseigné.
Et là je suis tombé des nues..., si j’ose dire. Le gars est un gros poisson, pas une petite sardine à mettre en boite, non, c’est carrément une huile en Lituanie.
J'ai appris qu’il était le patron d'une "grosse" boite de "Kaunass" (ce qui n'est pas un jeu de mots), sans pour autant savoir de laquelle..., avouez que ça pète. Le reste est ubuesque, une véritable tête de gondole quoi.
Alors même si cet engin qui a mis 9 mois pour venir au monde (si, si, c'est authentique là aussi), prend parfois la forme d’un jouet "Tomica" dont on peut se délecter au second degré, toutes les intentions contenues là dedans véhiculent un design aléatoire que certains qualifient de pire façon !Même si bien sûr de ce côté-ci du monde, personne ne croira à l'existence de cette voiture ni à cette histoire, au premier degré..., d'où l'utilité de publier la vidéo ci-après ! L’accumulation des valeurs portées, fait l’écho des hantises immondes des groupes les plus réactionnaires !
Par Patrice De Bruyne ICIUn site délicieusement iconoclaste que les anciens lecteurs de Chromes & Flammes et Calandres apprécieront à n'en pas douter GATSBY Magazine