Si vous regrettez d'être né sans vous être débarrassé pour autant de la peur de rester âne-o-nyme..., si vous craignez de broyer du noir dans des voitures de même manque de couleur, si vous faites une dépression à la vue des voitures insipides qui peuplent notre univers, voitures qui se ressemblent toutes..., si les valeurs des voitures de vos rêves vous font cauchemarder au point de vous donner envie de mettre fin à vos beaux jours et nuits..., si vous ne supportez pas la cruauté de l'inexistence, le réchauffement de la planète au milieu de l'hiver et les chutes de température sous 50 degrés à l'ombre comme dernièrement en Grèce..., si vous êtes maladivement jaloux que votre voisin dispose d'un véhicule plus puissant que le vôtre...: sachez qu'il existe une solution à vos maux, pour autant que vous disposiez d'un demi-million d'euros et que vous soyez fou...
C'est l'Isdéra Autobahnkurier 116i qu'il vous faut !
Ce petit constructeur privé d'automobiles hors normes est basé dans un petit atelier situé à Leonberg, en Allemagne. Chaque voiture est construite sur mesure pour son acheteur dans un petit garage par une petite équipe d'artisans et la seule manière d'acheter une Isdera est d'appeler le "PRÉSIDENT"..., directement... Une période d'attente de six mois et plus doit être prévue en sus d'un solide (c'est à dire important) acompte.
La compagnie a été fondée en 1981 par Eberhard Schulz, et son premier véhicule, l'Isdera Erator GTE (une réplique approximativement simplifiée de la Ford GT-40), a été construit la même année. D'autres véhicules célèbres dans l'histoire de la compagnie sont le Spyder 036i dévoilé en 1983, l'Imperator 108i présenté en 1984 et l'Imperator 033i Spider exposé à Genève en 1986.
La voiture la plus connue dans l'histoire de ce constructeur d'automobiles est l'Isdera Commendatore 112i qui fit ses premiers tours de roues en 1993 .
Cette supercar pèse 1450 kilos, a une accélération de 0-60 M/H en 4.7 secondes et une vitesse maxi de 342 km/h (212 M/H). Le moteur est un V12 Mercedes Benz de 300kW/402cv) accouplé a une transmission manuelle de 6 vitesses.
70 voitures environ ont été vendues par Isdera depuis 1981.
L'avant dernier véhicule produit par Isdera était un prototype appelé la flèche argentée Isdera C112i créé en 1999. Ce prototype a été mis en vente sur eBay en octobre 2005 pour 3 million $US, mais n'a pas été vendu. La dernière création de la firme Isdéra, l'Autobahnkurier 116i, ne navigue plus dans le futur plus ou moins proche, mais dans un univers Barnumesque dans l'esprit (mais pas dans la lettre) des années trente.
600 CV, 16 cylindres, 2,3 tonnes ! C'est une pièce unique qui pourrait être construite à plusieurs exemplaires si quelques fous sont prêts à payer 500.000 euros pour circuler dans une VW Coccinelle des années cinquante, VW équipée de deux moteurs V-8 Mercedes placés à l'avant...
Alain Clénet avait inventé cette recette, mais lui utilisait une cellule complète de VW coccinelle 1303 cabriolet, portes, pare-brise, carrosserie centrale et capote avec son armature..., le tour boulonné sur un chassis de Lincoln Continental MKIV des années '70, en ce compris le moteur V-8 et sa boite automatique. A l'époque, elle fut décrétée "voiture du centenaire de l'automobile américaine" par Ronald Reagan en personne, au mépris des vrais grands constructeurs américains abasourdis...
Un quart de siècle après cet "exploit" même pas technique, Isdéra remet le couvert... Le nom retenu pour cette voiture est absurde sauf qu'il plagie sans vergogne une Mercedes des années trente... : l'Autobahnkurier...
Cette voiture "gigantesque" selon les critères actuels, a été cauchemardée, puis dessinée, inventée et construite par le "Président" d'Isdéra, Heer Eberhardt Schulz, ingénieur, concepteur et promoteur et ce n'est pas son diplôme d'après guerre "Erstlingswerk Autoverrückte" obtenu à Hildesheim qui peut excuser pareille folie...
Totalement anti-aérodynamique, l'Isdera Autobahnkurier 116i est typique du style kitch, "Dress pompösen", inspiré des années '30.
L'utilisation d'une carrosserie de VW Coccinelle des années '50 choque... et discrédite totalement cette voiture, même si le résultat final est plus-ou-moins réussi et moyennement esthétique.
Il n'est que voir l'arrière, totalement VW coccinelle, pour éprouver un malaise S'il s'agissait d'une réplique "abordable" financièrement, bon... on n'en ferait pas un "fromage", mais 500.000 euros pour rouler en "Cox", là, on a un choc !
L'Aileron "caténaire" de ligne d'électricité "TGV" se veut un profil similaire à une queue d'avion, mais s'avère un pourvoyeur d'émotions fortes par grand vent latéral... Les amortisseurs avant qui, dans une VW Coccinelle empiétaient dans l'espace dévolu aux jambes des passagers avant, sont ici placés loin devant et permettent d'avoir plus de place pour se positionner.
Eberhardt Schulz considère cette voiture comme un monument moderne, elle est son rêve de vie coulé dans le métal, un classique "strassentauglich" permettant une vitesse maximale de 250 km/h grâce aux deux moteurs V-8 Mercedes, avec une consommation moyenne de 50 litres aux 100kms !
L'Autobahnkurier a nécessité plus de 20.000 heures de travail.
Les phares "à l'ancienne", même pas chromés, tout comme les pare-chocs et l'acastillage, simplement peints en gris clair métallisé... et de surcroit mal assemblés, dissimulent des phares de VW Polo. Les trois petits essuie-glace sont aussi typiques du temps de l'époque des VW Coccinelle (ce sont les mêmes) que des grands "Trompetenhörner".
Les deux moteurs V8-Mercedes sont couplés "en file" l'un derrière l'autre et sont fonctionnellement indépendants..., deux démarreurs, deux compteurs, chaque moteur à son système d'injection... c'est pour cela que la consommation est très exactement double d'un seul V-8.
Les deux V-8 totalisent dix litres de capacité... 10.000cc et 600cv !!! Le réservoir d'essence a une capacité de 150 litres, juste de quoi parcourir 300 kms sans trop forcer !
Heer Schulz a commencé sa vie professionnelle comme dessinateur en 1971 en tant que concepteur de studio chez Porsche. En 1981, il s'est déclaré indépendant. "
Mon Autobahnkurier 116i ne pouvait pas être une copie servile de Mercedes ni de Bugatti, elle devait être unique et équipée de tous les détails typiques d'un véhicule des années trente. La dérive arrière était pour moi le fil conducteur de ce design..., la clé de voute. Je me suis juré dès le départ de mon projet de ne pas dévier de cette ligne, et maintenant, lorsque je circule à bord de ma voiture, lorsque je m'arrête à un feu, les vrais connaisseurs de voitures extraordinaires qui roulent le coude à la portière, me disent en se frappant le front que tout dans ma voiture, absolument tout, tout, tout, partout, tout est correct...." Après plus de 23 ans passés dans le garage de schwäbischen, l'Autobahnkurier 116i est donc la dernière folie déjantée d'Isdera. Même si les temps dorés sont passés, Heer Schulz s'est gardé son plus grand trésor. Pour construire sa voiture d'un demi million d'euros, il utilise les vieux outils et les ateliers ou sont construites une à une ses autres Isdéra... et cela uniquement pour ce qu'il ne considère pas comme des clients, mais des amis tout à fait personnels. L'Isdera Autobahnkurier 116i est pour l'instant une pièce unique que j'ai découvert en me promenant dans les parkings intérieurs du circuit du Nürburgring lors du 35 ième Grand-Prix des voitures de course anciennes... Elle était exposée aux cotés d'autres modèles de la firme Isdéra, et ce, en plein milieu de l'immense parking des Ferrari, juste à coté du parking réservé aux Porsche... Incongru !
Eberhardt Schulz est un géant à tous égards, peut-être le dernier de son type. Mais cette voiture ne sera pas la "dernière" Isdera, car il a encore eu une vision..., cette fois-ci d'une voiture tout à fait sans roues ! Plus il n'a pas voulu dire pour ne pas se trahir...
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