Schumi/Mika : chronique d’une rivalité (1998-2000)
A la veille du grand retour de Michaël Schumacher en Formule 1 au sein de l'écurie Mercedes, j'ai eu envie de faire un
Petit retour 10 ans en arrière ou la formule 1 n’avait rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui. J’ai choisi de vous rappeler au souvenir d’une rivalité intense qui dura 3 saisons entre 2 pilotes exceptionnels: Michael Schumacher et Mika Hakkinen.
Schumi a balayé les époques, du début des années 1990 au milieu des années 2000. Qu’on l’aime ou pas, il s’est forgé le plus beau palamarés de l’histoire de son sport et a affronté les Senna, Hill, Villeneuve, Hakkinen, Coulthard, Montoya, Alonso. De tous ses rivaux, le baron rouge ne s’est jamais caché que celui pour qui il a le plus d’amitié et de respect restera Mika Hakkinen, le Finlandais volant. Leur rivalité dura 3 saisons, 2 titres pour Mika (1998 et 1999) et un pour Schumi (2000, son 3eme, le 1er avec Ferrari).
Le contexte
En ce début d’année1998, les cartes sont brouillées. Jacques Villeneuve au volant de sa Williams Supertec sait que défendre sa couronne relève de l’utopie et Schumi, déclassé en 1997 se verrait bien enfin atteindre le graal au volant de sa Ferrari. Mais d’entrée, une écurie confirme son impressionnante montée en puissance: McLaren Mercedes. Les flèches d’argent démontrent une nette supériorité en vitesse pure, seule reste la question des pilotes demeure: Mika Hakkinen et David Coulthard. Quel leader? Qui a les épaules assez larges pour jouer le titre face à ce diable de Schumi au volant d’une voiture moins performante mais à la fiabilité eprouvée?
1998: le patron c’est Mika
Le début de saison confirme les craintes des tifosi. En Australie et au Brésil, Mika Hakkinen s’impose devant Coulthard et les Ferrari sont derrière. Le succés de Schumi lors de la 3eme manche en Argentine est presque une surprise! San Marin consacre Coulthard tandis que Mika prend le large en gagnant en Espagne et à Monaco. On se dit que ce championnat 1998 est presque joué et que les 2 pilotes Mclaren vont finir aux 2 premières places, aux autres les accessits. Le 1er tournant intervient au Canada, Mika abandonne et Schumi tire les marrons du feux. Les 2 grands prix qui suivent vont faire voler en éclats les certitudes de ce début de saison. Au grand prix de France et en Angleterre, Schumi et Mika se livrent leur premiers duels en tête à tête. Mika part à la faute dans la chicane des stands à Magny Cours et laisse Ferrari arracher un 1er doublé. A Silverstone, sous une pluie dantesque, Mika en tête, craque sous la pression du baron rouge qui vole sous la pluie.
Le Finlandais part en tête à queue et laisse l’Allemand gagner un 3eme grand prix d’affilée. Les commentaires sur la force mentale de Mika ne se font pas attendre. Ce qui se dit en resumé: maintenant que Ferrari a progressé et que Schumi lui met la pression, il n’a pas les épaules assez larges pour être champion du monde. En Autriche, la réponse de Mika est cinglante. Leader harcelé par l’Allemand, il ne lache pas un pouce de terrain et garde la tête. Cette fois c’est Schumi qui sort et bousille son aileron avant. Mika a repris la main. L’été rend le statut quo: Mika gagne en Allemagne, Schumi en Hongrie et en Italie pour ne pas être distancé. Incident notable lors de l’apocalyptique grand prix de Belgique, Schumi en lice pour prendre la 1ere fois la tête du championnat percute. Coulthard, l’équipier d’Hakkinen, relegué à un tour. La polémique sera grande, l’Ecossais l’a t’il fait exprés? Il en est qu’à 2 courses de la fin, le titre n’a pas donné son verdict. Au vu de l’avance de Mika en début de saison et de ses petites erreurs, on donne volontiers dans ce sprint et cette guerre des nerfs, un net avantage à Schumacher. Mika tue pourtant le suspense en survolant les 2 dernières courses en Europe et au Japon. Mika 1-0 Schumi
1999: le tournant de Silverstone
Le début de saison est nettement moins dominé par des flèches d’argent, toujours aussi rapides mais dont la fiabilité est à revoir. Mika Hakkinen s’impose au Brésil, au Canada et en Espagne tandis que Schumi triomphe à San Marin et à Monaco. Irvine en Australie et Frentzen en France jouent les troubles fêtes. Schumi et Mika arrivent donc à Silverstone aux 2 premières places avec un bilan similaire, une grosse faute de pilotage chacun qui leur coute le gain de la course (Imola pour Mika, Montreal pour Schumi) et un sujet nettement moins bien maitrisé qu’un an plus tôt. Arrive donc ce fameux accident de Michael Schumacher à Silverstone. Sous la pression de son équipier Irvine qui le passe au départ, de peur de voir filer les 2 flèches d’argent, Schumi tire tout droit et heurte violemment le mur de pneus. Bilan: double fracture tibia péroné. On se dit alors que Mika, débarassé de l’ombre opressante du baron rouge et au volant de la meilleure voiture à une route vers le titre totalement dégagée. Inéxplicablement, le Finlandais va alors vendanger un nombre incalculable de points...
Ecrou de roue mal vissé à Silverstone (abandon), accroché par Coulthard en Autriche dés le 1er tour (3eme alors qu’il partait en pole), pneu déchappé à Hockeneim (abandon), consignes d’équipes pas claires à Spa (2eme derrière Coulthard hors du coup pour le titre...), faute de pilotage à Monza alors qu’il mène (abandon), stratégie trop frileuse au Nurburgring sous le déluge (5eme, le vainqueur est Herbert sur sa Stewart...). Une victoire en Hongrie comme maigre point positif. Voila comment à 2 courses de la fin, Schumi revient et Eddie Irvine, numéro 2 chez Ferrari est en course pour le titre dans une position favorable. Seulement 3eme en Malaysie, Mika a perdu le gros, son destin est entre les mains de Schumi... Poleman au Japon, il doit contenir Mika pour offrir le titre à son équiper. Mais cette fois, tout va enfin droit pour le Finlandais, envol parfait qui cloue l’Allemand et succés tranquille. Hakkinen gagne son 2eme titre mondial dans la douleur, lui et son équipe n’ont pas été irréprochables et on se dit que de telles erreurs en la présence du baron rouge n’auraient pas eu les mêmes conséquences.
2000: Schumi enfin
3 victoires en 3 courses pour débuter l’année, Schumi a fait le vide derrière lui (24 points d’avance sur Mika). Ferrari arrive enfin à allier performance et fiabilité, ce à quoi Mclaren à bien du mal à répondre. Mika doit attendre l’Espagne pour enfin en décrocher une mais le doublé de l’Allemand Monaco-Canada sonne comme la fin des espoirs Finlandais. En 7 courses, Schumi a assomé le championnat comme Mika ne l’a jamais fait (même du temps de l’indomptable MP4 13 de 1998). Encore une fois, l’été va boulverser la donne. Ferrari connait un serieux coup de mou en termes de performances dés le grand prix de France gagné par Coulthard.
Mika s’impose en Autriche et en Hongrie puis finit 2eme en Allemagne alors que Schumi est sorti dés le 1er virage. Le Finlandais est en tête du championnat, impensable quand on se dit que son retard frisait les 30 points au Printemps... Arrive Spa et le chef d’oeuvre et point d’orgue de leur rivalité. En pole, Mika mène devant Schumi sous une piste detrempée. L’Allemand grapille les dixièmes au fil des intermédiaires, comme souvent sous la pluie, il y a lui et les autres... Ce que l’on pressentait arrive finalement, Hakkinen perd le controle, part en équerre et garde miraculeusement sa Mclaren en piste. Seul souci, Schumi est passé devant. Au fur à mesure que la piste s’assèche, Mika revient. Sa Mclaren va plus vite et l’interminable ligne droite qui succède au raidillon de l’eau rouge est le lieu predestiné de son attaque. Dans l’aspiration, il tente sa chance classiquement à l’intérieur du droite gauche qui suit. Schumi ferme la porte avec autorité.
Il ne reste plus beaucoup de tours et on se demande si Mika est assez "burné" pour priver de victoire l’Allemand. 1 tour plus tard, les 2 chauffards rattrapent la BAR Honda de Ricardo Zonta, retardataire. Schumi le passe à l’extérieur, Mika aspire jusqu’au dernier moment et fait l’intérieur au Brésilien... et à Schumacher! Une manoeuvre exceptionnelle, un chef d’oeuvre qui offre un succés capital à Mika dans la course au titre. Pourtant, le baron rouge va accomplir son destin au volant d’une Ferrari retrouvée. Il survole les 4 dernières courses et devient pour la 3eme fois champion du monde, pour la 1ere au volant d’une Ferrari.
Ce moment intense de Spa restera donc le baroud d’honneur de Mika face à un Schumi qui depuis 1998 n’aura cessé de réduire l’écart entre eux. 2001 marque le début de l’ère Schumacher et Hakkinen démotivé prendra sa retraite à la fin de l’année... Il restera de cette rivalité une exitante indécision avant chaque course entre 2 pilotes excpetionnels, rapides et doués, sentant la course comme aucun de leurs adversaires. Si Schumacher est sans conteste le plus grand pilote de F1 de l’histoire pour ses records, sa maestria sous la pluie, ses manoeuvres osées, Hakkinen restera son meilleur challenger. Le Finlandais était un des seuls qui à voiture égale pouvait rivaliser avec l’Allemand. D’ailleurs à voiture égale, Mika réaliserait sans doute la pole devant Schumi qui gagnerait le grand prix.
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