Mercedes ML 55 AMG : Guide d’achat occasion
Par Antoine Arnoux le 14 novembre 2008
Source Sport-Prestige
La décote colossale infligée au premier SUV « sportif » permet de se porter acquéreur d’un modèle AMG au prix d’une compacte neuve. Les opportunités sont d’autant plus alléchantes que la fiabilité est au rendez-vous. Attention toutefois, la qualité perçue est en retrait des habituels standards Mercedes mais surtout, un ML 55 AMG impose d’avoir les reins solides…
L’instigateur de la mode des SUV routiers est apparu aux Etats-Unis en 1997. Le ML franchit l’Atlantique l’année suivante et fait cavalier seul dans sa catégorie jusqu’à l’arrivée de son concurrent direct, le BMW X5. Sur le marché du 4×4 haut de gamme, le ML inaugure en 1999 une race un peu à part : celle des SUV gonflés aux hormones, mus par des V8 tonitruants se targuant de chronos dignes de grosses GT. Bien sûr, les critiques ont fusé à son lancement : roi de la ligne droite, vecteur d’insolence statutaire… dixit certains tristes sires bien loin du compte, n’ayant pas compris que le ML 55 AMG incluait volontairement une dimension atypique dans son ADN. Le charme opère toujours et l’agrément est bien réel. Une bonne affaire en somme, d’autant que les 490 000 F ( environ 75 000 € ) qu’il demandait à l’époque sont aujourd’hui bien loin.
Même si, au final, peu d’éléments distinguent la version AMG, son allure générale a nettement mieux vieilli que celle du ML de base. Un peu plus bas, doté de jantes de 18″ chaussées de larges gommes en 285 / 50, le ML 55 AMG profite d’une allure beaucoup plus trapue. Une présence visuelle encore affirmée par le double bossage du capot, les élargisseurs d’ailes spécifiques au modèle et les deux sorties d’échappement par lesquelles respire un V8 AMG de 5,4 litres, fort de 347 ch…
Le Mercedes ML 55 AMG sur la routeLors de l’arrêt de sa production, le ML faisait presque figure de dinosaure par rapport aux autres SUV tels que les BMW X5 ou Volkswagen Touareg, de conception beaucoup plus récente et faisant appel à des châssis proches de berlines routières modernes. Le X5 est d’ailleurs développé sur base de série 5e39. Rien de tout cela chez le ML, qui reste fidèle à un châssis séparé, comme sur un authentique tout-terrain. Même si le franchissement est loin d’être sa vocation première, il ne se défend pas trop mal dans ce domaine… Malgré une fiche technique à faire aujourd’hui sourire n’importe quel ingénieur, le compromis confort / tenue de route est acceptable. La prise de roulis est pourtant inévitable, malgré les suspensions retravaillées et les amortisseurs plus fermes. Avec plus de 2,2 tonnes sur la balance, l’agilité est loin d’être le fort de ce SUV bodybuildé, qui ne rassure pas son conducteur en enchaînement de virages : heureusement que l’ESP veille au grain et que la transmission intégrale ménage une motricité rarement prise en défaut. La grosse étoile filante préfère une conduite coulée, réservant la fougue de son V8 pour la ligne droite ou les larges courbes autoroutières. Dommage, mais sa position de précurseur pâtit d’un châssis pas vraiment abouti. Les freins jouent dans le même registre : suffisamment puissants mais leur endurance fera défaut dès que les sollicitations se feront trop fortes. Le ML 55 AMG n’est pas conçu pour être mené les couteau entre les dents…
On oubliera vite ses griefs au vu du caractère de l’engin… Tout d’abord, rares sont les véhicules proposés à ce prix qui prodiguent un tel agrément moteur : sonorité, rage à monter dans les tours, et des performances encore largement d’actualité malgré un embonpoint considérable. C’est une Walkyrie mécanique qui se joue sous le capot de l’imposant sumotori germanique… Pensez : 6,9 s pour le 0 à 100 et 232 km/h en pointe, le tout dans un concert de joyeux gargouillis typiques de cette architecture moteur. Succès garanti outre-Atlantique…
Pour ce faire, les ingénieurs AMG sont partis d’une base connue : le V8 5 litres présent sur la S 500, réalésé à 5,4 litres et pourvu d’arbres à cames et d’injecteurs retravaillés. La puissance s’établit désormais à 347 ch pour un couple maximal de 52 mkg à 2800 trs/mn. Coupleux à souhait, il est hélas associé à une transmission aujourd’hui dépassée : sa boîte automatique 5 rapports brille plus par sa douceur que par sa réactivité, mais a le mérite de proposer un réducteur pour qui désirerait s’aventurer en tout-chemin. Les performances ne souffrent pourtant pas trop de sa mollesse compte tenu de l’allonge du fabuleux V8 AMG : les relances tiennent le haut du pavé ( 5,3 s pour le 80 à 120 ), même en charge. Idéal pour tracter, même s’il serait dommage d’infliger une inutile fatigue à ce moteur.
Vie à bord, le Mercedes ML 55 AMG au quotidienFabriqué aux Etats-Unis, son marché de destination d’origine, le ML souffre de quelques imperfections étonnantes pour un véhicule badgé de l’Etoile. L’habitacle affiche des matériaux corrects, moussés pour la plupart, mais les assemblages posent parfois problème. Certains accostages respirent un peu trop la finition yankee. Et la présentation austère renvoie aux Mercedes des années 90. En 1999, année d’apparition du 55 AMG, la production du ML est rapatriée en Europe, sur le site autrichien de Graz. La qualité générale progresse mais reste encore perfectible : des rossignols peuvent se faire entendre dès que le véhicule est âgé de quelques années.
Heureusement, le cuir fourni de série est d’excellente facture et l’équipement complet compense la petite déception liée à la finition intérieure. On appréciera la présentation sportive, avec les compteurs blancs et les inserts noirs laqués spécifiques à la version AMG, un tantinet décalés sur un tel engin. Un SUV qui se prend pour une GT, c’était peu commun à la fin du siècle dernier.
Le GPS était en option, mais la plupart des ML AMG en sont pourvus. Le confort de roulement et l’habitacle suffisamment vaste en font un véhicule familial tout à fait vivable, même si l’amortissement n’est pas aussi feutré que sur les productions actuelles. Le conducteur regrettera un volant un peu trop à l’horizontale et une position de conduite encore trop éloignée d’une grande routière. Rien à voir avec un SUV moderne comme l’Audi Q7 ou le BMW X5, le ML peine à masquer sa conception remontant au milieu des années 90.
Fiabilité, coût d’usage : acheter un Mercedes ML 55 AMGBien entretenu, le V8 AMG fait preuve d’une fiabilité en béton. Une fiabilité d’autant plus appréciable qu’elle ne nécessite que des interventions classiques : une révision et vidange auront lieu tous les ans ou 20 000 km, et sera facturée 400 €. Tous les deux ans, une révision plus poussée avec remplacement des filtres vous en coûtera 800 €. Autre intervention à ne pas oublier, le remplacement des bougies ( 16! ), qui interviendra à 120 000 km et demandera environ 600 €. Tout aussi important, la vidange de la boîte automatique est à effectuer tous les 100 000 km.
Hélas, le tableau est nettement moins idyllique concernant les pièces d’usure. Les freins ne sont pas particulièrement onéreux mais les 2230 kg les mettent à mal rapidement : les plaquettes seront à remplacer tous les 20 000 km en moyenne ( 200 € l’avant, 190 € l’arrière ) et les disques ne dépasseront pas les 60 000 km ( respectivement 270 et 250 € ). Idem pour les pneumatiques en 285/50/18, généralement à bout de souffle en 30 000 km et facturés environ 300 € / pièce. Enfin, dernier poste et non des moindres, le budget carburant s’envole très vite : de 14 l / 100 en conduite normale, on franchira allègrement les 20 l en sollicitant le pied droit.
Les seules fausses notes concernant la fiabilité portent sur l’électronique. Le multiplexage en était à ses balbutiements, d’où quelques cas d’allumage intempestif de témoins ou de bugs de GPS. De bien maigres griefs, résolus en après-vente dans la plupart des cas. Des cas d’usure prématurée de rotules de suspension avant ne sont pas rares : le poids, encore une fois… Les kilométrages élevés ne doivent pas vous inquiéter tant que le ML convoité a été suivi dans le réseau et selon les intervalles préconisés. On rencontre souvent des exemplaires affichant plus de 150 000 km n’ayant connu aucune avarie, dans un état mécanique remarquable.
Bien sûr, autant se pencher sur un modèle moins kilométré pour profiter du ML 55 AMG le plus longtemps possible. La décote subie le permet largement : entre 20 et 25 000 €
( nota l'article est de 2008 ) suffiront à acquérir un beau modèle de 2002 avec moins de 80 000 km au compteur. Des modèles plus kilométrés se dénichent facilement aux alentours de 16 000 €… En tous les cas, hors de question de dépenser plus de 30 000 € pour un des derniers modèles produits ( 2004 ), même bardé d’options : l’offre est suffisament abondante pour vous laisser une marge de négociation conséquente. Donc si vos finances suivent pour en assurer l’usage quotidien, pourquoi pas…