Mercedes-Benz E 63 AMG Quatre vitesses de trop !Par Eric Bergerolle - lequotidienauto.com - 22/05/2006
Source : automobile.challenges Sans recours aucun à la suralimentation, la E 63 AMG développe la bagatelle de 514 chevaux. Pour gérer une telle cavalerie, sa boîte compte sept vitesses. Or, au regard de ses performances et des exigences du Code de la Route, c’est quatre de trop ! Oui, nous avons dépassé les 130 km/h au volant de cette nouvelle Mercedes-Benz. Mais c’était au sud de Munich, sur un tronçon d’autoroute à la vitesse libre. Et nous n’avions même pas encore passé la quatrième... Coupables ! Nous sommes coupables d’avoir tenté de cerner sur route ouverte les limites de ce châssis extraordinaire ; coupables d’avoir poussé jusqu’au rupteur ce V8 envoûtant, le premier conçu de toutes pièces par AMG.
Sept rapports et 514 chevaux : à quoi bon ? Pris dans les affres de la circulation munichoise à l’heure de pointe, cette question nous obsède. Comment justifier tant de puissance autrement que par la quête du luxe pur ? Luxe d’alterner insensiblement les registres. Luxe de passer instantanément d’une allure de banale Classe E à celle, endiablée, d’une berline à très hautes performances. Luxe de se mouvoir aux allures réglementaires avec une réserve de puissance quatre fois supérieure au maximum dont dispose le conducteur français moyen. Sur un réseau routier saturé régi par les règles strictes du Code de la Route, parader au volant de la E 63 AMG confine à la provocation pure et simple : elle est la Classe E la plus puissante de tous les temps ! Politiquement incorrect ? Incontestablement.
Comme tous les six, huit et douze cylindres préparés par AMG, le V8 63 porte la signature du mécanicien responsable de son montage.
Une telle vanité n’exprime finalement rien d’autre que la faiblesse de l’Homme devant une machine furieusement désirable. Car aussi insupportable que soit ce monstre aux yeux de ses détracteurs, leur frustration n’est rien comparée à celle du pilote soumis à toutes les tentations ! Heureusement la mécanique le prend en pitié. En mode confort, la gestion électronique de la boîte automatique et de l’accélérateur allonge les temps de réponse et la course de la pédale. Ce qui aide à ne pas se retrouver subitement à 100 km/h en plein centre-ville lorsque le feu passe au vert ! Sur une auto capable d’atteindre cette vitesse en 4,5 secondes seulement, c’est appréciable.
En virage, le support lombaire se gonfle
pour retenir le malheureux pilote soumis aux G.
Dans le même registre, l’amortissement piloté se montre étonnamment prévenant. Lancée à vive allure sur des routes de campagne défoncées par les engins agricoles, la E 63 AMG survole littéralement la chaussée sans pour autant perdre de sa précision. La maîtrise est totale. Les multiples garde-fou électroniques permettent d’écraser la pédale de droite sans arrière-pensée et de faire (relativement) abstraction des règles de survie généralement observées au volant d’une propulsion surpuissante. Les interventions de l’ESP ont même le bon goût de ménager l’ego du pilote en se montrant très discrètes.
Péché d’orgueil ? Certes. Nous avouerons même avoir titillé l’accélérateur au feu rouge, histoire de savourer la note à l’échappement caverneuse. Un petit caprice qui fait tourner les têtes, où les regards pleins de reproches prennent l’ascendant sur les sourires approbateurs. Même en Allemagne... Décidément, mieux vaut enclencher le mode manuel séquentiel, passer très vite la seconde en ville, jouer des reprises en quatrième sur petites routes, et tailler l’autoroute en septième. Puisqu’on vous dit qu’il y a quatre rapports de trop !
Source : automobile.challenges